La gratitude est la mémoire du cœur

Dans les îles britanniques, l'action de grâce pour les récoltes réussies est célébrée depuis les époques païennes.

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Dans les îles britanniques, l'action de grâce pour les récoltes réussies est célébrée depuis les époques païennes. Les fêtes des récoltes ont traditionnellement lieu le dimanche à proximité ou pendant la lune des récoltes, c'est-à-dire la pleine lune qui se produit la plus proche de l'équinoxe d'automne (vers le 23 septembre). Dans de nombreux pays, cet événement astronomique coïncide avec les récoltes et constitue un moment important pour les rituels et célébrations religieuses. De Meán Fómhair dans l'Irlande préchrétienne aux bâtisseurs de pyramides de Chichen Itza dans le Yucatan, en passant par les rituels de commémoration de Higan au Japon, cet événement astronomique a longtemps été un catalyseur d'inspiration religieuse et de respect. La gratitude ne se limite pas aux pieux – même les nations laïques reconnaissent cette émotion panhumaine. Par exemple, la Journée mondiale de la gratitude est célébrée chaque 21 septembre ; il a été créé en 1977 par le Groupe de Méditation des Nations Unies pour célébrer notre existence, nos passions, nos héros locaux, nos proches, nos amis et toutes les petites choses de la vie qui nous apportent de la joie.

En Provence, le jardin fleuri de la France, les gens ont de nombreuses raisons d'être reconnaissants : des paysages magnifiques que les maîtres impressionnistes ont immortalisés sur toile, des champs de lavande qui parfument la campagne et des rues pavées qui mènent à des fontaines naturelles et à de charmants bâtiments. Ici, l’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur dorée. Au cœur de ce pays de conte de fées se trouve son ancienne capitale, Aix-en-Provence, qui a prospéré en tant que centre des arts et du savoir au Moyen Âge. Son histoire en tant que station thermale naturelle remonte à des milliers d'années, en 122 avant JC, lorsque la garnison romaine de Gaius Sextus Calvinus fonda cette ville de sources chaudes sous le nom d'Aquae Sextiae. Au fil des années, les mots Aquae Sextiae se sont concaténés en un seul mot Aix (prononcé comme la lettre anglaise X).

Selon la tradition française, Marie-Madeleine, la première à être témoin de la résurrection de Jésus, vint en Provence dans une petite barque sans gouvernail ni mât et débarqua au lieu-dit Saintes-Maries-de-la-Mer près d'Arles ; elle évangélisa la Provence, et lorsque l'heure de sa mort arriva, elle fut portée par des anges à Aix et dans l'oratoire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, où les pèlerins du monde entier viennent vénérer ses reliques. La tradition du petit bateau reste fermement ancrée dans la culture aixienne.

En 1629, une grande peste bubonique ravage le duché de Milan, puis gagne la Provence où elle dévaste Aix. Ceux qui avaient de l’argent pour le faire ont pris la fuite. Le 11 janvier 1630, l'un des rares chefs municipaux encore présents, Monsieur Martelly, proclame un vœu à la Sainte Vierge du Seds, patronne de la ville d'Aix : Sauvez Aix de la peste, et nous vous offrirons pour toujours notre gratitude. En septembre de la même année, la peste s'est atténuée et l'église a marqué l'occasion lors d'une messe d'action de grâce.

Le Musée des Beaux-Arts de l'Alte Pinakothek de Munich abrite l'une des plus célèbres collections de peintures de maîtres anciens ; il détient également un manuscrit écrit par un frère capucin nommé Bonaventure de Six-Fours dans les années 1600, « Coutumes des fêtes ecclésiales et missionnaires en Provence ». Le manuscrit médiéval décrit un calice (câlisse) de vin en forme de bateau dans lequel sont trempées des plaquettes d'amandes pour être distribuées pendant la messe. Les gaufrettes aux amandes, appelées calissons, sont devenues une spécialité d'Aix en Provence ; ils sont fabriqués à partir de pâte d'amande moulue (pâte d'amande), de sucre et de cantaloups confits, d'une garniture de glaçage au sucre, le tout posé sur une plaquette fine en forme de bateau (comme l'hostie catholique) comme base.
Les familles riches et les pâtissiers témoignaient de leur gratitude en fournissant à l'église des calissons au lieu des gaufrettes fades et ordinaires. Ces calissons festifs, bénis par l'Archevêque, ont été distribués aux fidèles, qui ont chanté « Venite Ad Calicem » [Viens au Calice]. Depuis 1630, la ville d'Aix-en-Provence tient sa promesse de gratitude en faisant sonner les cloches des églises le XNUMXer septembre. Des cérémonies annuelles de bénédiction avaient lieu dans l'église Notre-Dame de la Seds, qui fut la première résidence des évêques de Provence. La tradition s'est poursuivie jusqu'à son interruption par la Révolution.

Avant la Révolution, 1757-58, Jean-Pancrace Chastel sculpta une scène d'action de grâces ornée sur le pignon nord de l'Ancienne Halle aux Grains. Les sculptures représentent Saturne, dieu romain majeur présidant à l'agriculture et au temps des récoltes, accompagné de la déesse Cybèle, qui incarne la Terre fertile. Saturne, sous l'apparence d'un vieillard couronné de roseaux, repose sur une urne d'où coule le Rhône. Il tient une pagaie pour représenter la navigation. Cybèle représente la Durance et tient dans sa main gauche une corne d'abondance débordante. Cet hommage à l'action de grâce occupe une place importante au centre-ville – Place de l'Hôtel de Ville. Les Aixois sont connus pour leur sincère gratitude.

Aujourd'hui dans sa 16e année, Aix continue de bénir spécialement les hosties en forme de bateau lors de sa Bénédiction annuelle des Calissons d'Aix, en souvenir du vœu de Martelly de 1630. Le premier dimanche de septembre, deux anciens lieux de culte célèbrent la messe pour bénir les calissons : La Cathédrale St-Sauveur à 10h30, et L'Église de Saint-Jean de Malthe à 3h00.

La Cathédrale est un monument national ; le bâtiment actuel remonte au 5ème siècle. Selon la tradition chrétienne, l'église originale du site a été fondée par saint Maximin d'Aix, arrivé en Provence depuis la Terre Sainte avec Marie-Madeleine sur un bateau appartenant à Lazare. Maximin fit construire une humble chapelle à l'emplacement de la cathédrale actuelle et la dédia au Saint Sauveur (le Saint Sauveur). Nous avons visité la cathédrale, qui a pour nous un lien personnel.

Mon 21ème arrière-grand-père, Raimond Bérenger IV, comte de Provence, et sa famille fréquentaient cette église. Il eut quatre filles, toutes qui épousèrent des rois. Deux de ses filles sont mes ancêtres sur des branches distinctes : Aliénor a épousé Henri III, roi d'Angleterre, et Marguerite a épousé Louis IX, roi de France. Le point culminant historique de la cathédrale est un baptistère mérovingien du Ve siècle, avec un bassin octogonal – chacune des quatre reines y a été baptisée lorsqu'elles étaient enfants.

La petite sœur, Béatrice, épousa Charles Ier d'Anjou, roi de Sicile. En hommage à son père, Charles et Béatrice construisirent une église gothique pour abriter le tombeau de Raimond Bérenger IV : l'église de Saint-Jean de Malthe. Ici, les corps d'Alphonse II, Raimond et Béatrice reposent en paix et leurs tombeaux sont ornés de gracieuses statues de marbre. Cette belle église gothique accueille la deuxième célébration des calissons.

Aix organise une procession « passo-Carriero » à travers la ville antique, exposant au premier plan la statue de Notre-Dame de Calissons. Les fidèles sont vêtus d'anciens vêtements provençaux et entrent à 3 heures dans l'église de Saint-Jean de Malthe avec des paniers de calissons pour être bénis par l'évêque. Après la bénédiction, les calissons sont répartis autour des fontaines de la place des Quatre Dauphins.

Une légende locale affirme que les calissons auraient été inventés en 1454 par le chef de René Ier d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence pour célébrer son mariage avec Jeanne de Laval. Pendant les festivités Jeanne demandait le nom des friandises, et le Bon Roi répondait en provençal « Di calins souns (ce sont des câlins) » [pour toi]. C'est une histoire romantique que les bonbons tirent leur nom, mais l'écrivain Canale di Martino, dans sa chronique des Vénitiens (1275), mentionne spécifiquement le nom d'une spécialité appelée « calissons », qui sont fabriqués de la même manière. Étant donné que les Vénitiens étaient des gens de mer qui appréciaient les gondoles et autres embarcations ressemblant à des bateaux, il est fort probable que les calissons en forme de bateau existaient bien avant le mariage royal.

Les récoltes abondantes ont toujours été un motif de fête à Aix. Cela se voit immédiatement dans les marchés qui fleurissent chaque matin dans la vieille ville. Nous avons trouvé des savons luxueux à base de lavande, du miel aromatisé dans de charmantes bouteilles, des fleurs fraîchement coupées, des légumes magnifiquement mûrs et toutes sortes de produits attrayants vendus par des vendeurs sous des parapluies en toile. Aix a un marché fermier tous les jours quelque part dans la ville – le visiteur n'a qu'à découvrir où il se trouve. J'étais ravi d'acheter des bouteilles géantes d'huile de lavande auprès des producteurs ; J'utilise l'huile pour mélanger des parfums personnalisés.

Nous pouvons apprendre des Aixois : la vie ne se mesure pas aux respirations qu'on prend, mais aux moments qui nous coupent le souffle. Se trouver dans un champ de millions de tournesols fait partie de ces moments que j'ai vécus en Provence. Si vous cherchez un lieu de beauté, vous le trouverez à Aix-en-Provence.

QUE RETENIR DE CET ARTICLE :

  • De Meán Fómhair dans l'Irlande préchrétienne aux bâtisseurs de pyramides de Chichen Itza dans le Yucatan, en passant par les rituels de commémoration de Higan au Japon, cet événement astronomique a longtemps été un catalyseur d'inspiration religieuse et de respect.
  • En Provence, le jardin fleuri de la France, les gens ont de nombreuses raisons d'être reconnaissants : des paysages magnifiques que les maîtres impressionnistes ont immortalisés sur toile, des champs de lavande qui parfument la campagne et des rues pavées qui mènent à des fontaines naturelles et à de charmants bâtiments.
  • Le 11 janvier 1630, l'un des rares chefs municipaux encore présents, Monsieur Martelly, proclame un vœu à la Sainte Vierge du Seds, patronne de la ville d'Aix.

A propos de l'auteure

Linda Hohnholz

Rédacteur en chef pour eTurboNews basé au siège d'eTN.

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